J’ai
toujours préféré les questions aux
certitudes,
cherché l’envers des mots et tenté
d’exprimer
l’impalpable…
D’où me vient ce désir
d’écrire ?
du silence ? du sommeil ? d’une morsure plus vive que toutes
les
blessures réunies ?; des bonheurs fugaces que l’on
voudrait
retenir ?;
du mystère de l’amour qui
«altère autant qu’il
désaltère» ? …
J’AI ECRIT :
- mes rêves, chaque matin,
pendant sept ans
Annie
DILLARD
PAR PLAISIR ET PAR GOURMANDISE,
Par
curiosité,par goût prononcé pour
l’aventure…pour découvrir qui, dans sa
géométrie
variable, pouvait bien être l’autre en
moi, pour
défaire, délier, dévider les fils,
résister, me défendre,
délivrer le vrai,
déterrer ma voix, me
désaltérer… ; rejoindre
l’origine ; et sortir de moi ; …mettre de la
beauté dans ce
monde fou fou, fou… ;
Nommer, me risquer…renverser l’ordre des choses.
M’inscrire…
et
« creuser
le réel
pour mieux l’imaginer »
Georges JEAN
POUR IMAGINER UN FUTUR :
Inventer un projet : quel fil d’Ariane suis-je en mesure de
tirer ?
vers quels horizons ?
Accompagner
l’écriture d’enfants,
d’adolescents et d’adultes,
investir autant d’énergie et de temps dans une
formation
complète et particulièrement enrichissante
auprès
des animateurs d’ALEPH : toutes ces années me
permettent de
creuser plus avant sillon et de me projeter sur les années
à venir…
IL ME FAUT OPERER UNE ( toute petite ) TORSION DANS LE TEMPS ET REVENIR
SUR MES PAS :
Depuis toujours,
j’ai voulu être actrice ( dans mon enfance ;
après avoir assisté au tournage
d’un film ), puis
interprète ( à l’adolescence
; j’adorais à
la fois la musique des mots et les voyages à
l’étranger)
: deux désirs forts mais étouffés
par des
adultes… « avisés
»… !
Finalement, j’ai
suivi une voie bien différente et je suis
devenue psychomotricienne ; puis, j’ai appris quelques
techniques de
massage plusieurs années durant.. ; la
littérature
était, en apparence, très
éloignée de
moi….
Elle m’a rattrapée
à un moment
décisif de ma vie
quand je suis devenue maman, à 34 ans… ;
c’est alors que, durant
plusieurs années, grâce entre autres, à
ma rencontre
avec Michèle Gazier et ses chroniques
littéraires,…..j’ai
lu un à deux livres par semaine; mon rêve de
donner
naissance à des enfants ( trois ) était
comblé ;
un autre désir de création vint se manifester :
il me
fallait écrire : une autre façon de concevoir,
ou
d’illuminer les formes de la vie la plus ordinaire dans le
silence et
la muette présence des choses : manière la plus
sûre de me rejoindre et, j’allais en prendre
conscience un peu
plus tard,… de rejoindre le monde..
J’eus la chance, un week-end,
de participer à
un atelier
d’écriture avec Odile PIMET : première
étincelle,
vive, et décisive…qui allait éclairer
un long chemin :
passant par Paris, je m’arrêtai chez E.lisabeth BING, pour
y revenir
à intervalles réguliers….mon
écriture s’ affirmait
peu à peu dans une veine poétique ; je ne savais
où cette expérience allait me conduire, mais je
sentis
assez rapidement, que ma voie était trouvée ;
j’enchaînai sur un stage de formation à
l’animation et
c’est ainsi que je proposai à une MJC de
Nancy d’ouvrir un
atelier d’écriture pour des adultes :
première
expérience réussie avec un groupe de dix
personnes sur
une année scolaire ; c’était en 1995.
PUIS ME POSER DANS LE PRESENT
Très souvent, j’ai
douté ; j’ai
pourtant pris la
décision de quitter mon premier métier, en 1996
pour
consacrer mon temps aux ateliers d’écriture et
à
l’approfondissement de mon expérience initiale en
m’inscrivant
à de nouveaux modules auprès
d’ALEPH, en y ajoutant
une formation spécifique sur les écrits
professionnels.
Entre temps j’ai
posé quelques convictions
liées à
ce désir d’écrire et de susciter chez
d’autres le
désir de se lancer dans leur propre chantier
d’écriture :
mon ancrage repose sur la perception de l’écriture
comme outil
de liberté, lieu d’affirmation et de conscience de
soi
:écrire, c’est lâcher –prise,
prendre son temps et pouvoir tout
dire sans
être interrompu ; c’est passer d’un
état à un autre
: dans passer, il y a pas : écrire, c’est
marcher dans sa
tête, creuser loin en soi…et être
attentif au monde, c’est
aussi modeler, ciseler la matière des mots,
prendre la
part d’enfance en soi, jouer….c’est
encore aller plus loin que la mort
en marquant son passage sur la page : écrire par dessus bord
ou
exister en découvrant des lumières inconnues de
soi : se
laisser déployer, et aller vers les autres ; car comment
écrire sans lire, sans faire vivre le texte par le corps
habité ?
Ecrire évoque l’idée de lien.
Le désir de transmettre,
d’élargir une
expérience
intime au plus grand nombre s’est imposé
à moi rapidement
: conduire des ateliers d’écriture,
c’est, pour moi, permettre
à d’autres de se relier avec leurs ressources
enfouies, de
respirer, de découvrir du sens dans la forêt des
mots, de
se laisser apprivoiser par leur saveur, leur couleur ; de tatouer le
papier de désir et de plaisir retrouvés ; de dire
que
l’on peut résister, être
fondamentalement libre avec un
crayon en bois taillé dans les arbres ; permettre encore de
délivrer le vrai, d’agir et de pouvoir crier
: moi aussi
j’existe, écoutez ce que je dis, ce que je ne dis
pas encore…. !
« les mots
sont des statues qui bougent. En effet, ils sont au
garde-à vous dans le dictionnaire. Comme de vieux
légionnaires bandés de sable
stratifié. Un peu de
salive sur la langue et les revoilà qui bougent,
dégoisent, haussent le ton ou alors sont dirigés
vers une
page, blanche comme un ring pour faire un concert de coups si bien
placés que l’on croit rêver »
Claude NOUGARO
ECRIRE COMME ON DESHABILLE UN REVE POUR ETRE AU PLUS PRES DE SOI,
PRENDRE SOIN DE SA TERRE .. DEJOUER LE TEMPS
et
ACCOMPAGNER ENFANTS , ADOLESCENTS ET ADULTES DANS CETTE
DECOUVERTE SINGULIERE DU POUVOIR DES MOTS , CES PETITS CAILLOUX,
PORTEURS DE PIERRRES PRECIEUSES…
ET FAIRE DE L’ECRITURE UNE EXPERIENCE PARTAGEE

|
Consolider
les fondations des
premiers ateliers réguliers en direction des adultes, y
ajouter
un brin
d’audace : proposer l’inscription à des
concours
littéraires, des
lectures à voix haute…. |
Collaborer avec les enseignants de
collèges
et de lycées
sur des projets culturels ciblés
Continuer
l’aventure des stages « écrire
et marcher
dans les Vosges », deux/ an, depuis 5 ans (mais
d’autres
paysages auraient des textes en jachère : les
déserts
d’Afrique, les sentiers et les cirques de la
Réunion…en lien
avec des organismes de tourisme alternatif ?)
Répondre aux besoins des
étudiants,
des directeurs et des salariés d'entreprise
et des institutions sur le volet des écrits professionnels
ou
sur la formation à l’animation
d’ateliers d’écriture (
à l’IUFM, au centre DEFA , à
l’école de
cadres hospitaliers, à l’IFSI….)
Créer un atelier
promenade au
musée d’art
contemporain mais aussi un atelier sur le mode du voyage miniature dans
la ville, prétextes à la réalisation
de recueils
et
Continuer à avancer
personnellement dans les
directions
suivantes qui me tiennent à
cœur:
- l’écriture poétique
- l’écriture et le corps
- l’écriture et le voyage
- l’écriture et les arts plastiques ( je me forme aux techniques de peinture-et techniques mixtes )
EPILOGUE
Le temps s’enroulerait donc
sur lui même et il
n’y aurait plus
d’attente.. chaque instant serait éternel
Les mots pourraient ruisseler sous mes
pas.
Intrépides. Et
fendre le pré en deux..
Chaque bruissement de feuille
proposerait sa
vérité nue,
sublime ou dérangeante
Chaque souffle fonçant dans
le blanc
assouplirait ma main,
capterait l’inimaginable, le fugace comme
« une rose de
papier offrant dans un bol d’eau, le déploiement
inaltérable de ses plis délicats »
L’avenir serait une promesse
faite au passé…